Bitch Boxer: entre rêves et sacrifices

Londres, 2012. Chloé Jackson (Samantha Clavet) s’entraîne pour un combat décisif dont la victoire devrait la mener sur le ring des Jeux olympiques, la première année où la boxe accueille des athlètes féminines.

<em>Bitch Boxer</em>: entre rêves et sacrifices | 14 février 2024 | Article par Hélène Laliberté

La pièce Bitch Boxer est présentée à Premier Acte jusqu’au 24 février 2024.

Crédit photo: Vincent Champoux

Londres, 2012. Chloé Jackson (Samantha Clavet) s’entraîne pour un combat décisif dont la victoire devrait la mener sur le ring des Jeux olympiques, la première année où la boxe accueille des athlètes féminines.

Écrite et interprétée à sa création par Charlie Joséphine, artiste queer britannique, la pièce Bitch Boxer a pris l’affiche au Royaume-Uni et en Australie où elle a remporté un vif succès. Traduite en français par Samantha Clavet et produite par le Théâtre Escarpé, dont le mandat est de créer un « art qui propulse artiste et/ou spectateur hors de sa zone de confort », la présentation de cette version québécoise remplit ses promesses.

Transcender le solo

Conçue à l’origine comme un solo pendant lequel la protagoniste s’adresse au public pour lui dévoiler ses peines, ses désirs et sa fragilité sous des airs de dure à cuire, le parti pris du Théâtre Escarpé est d’incarner sur scène les autres personnages du récit dont le père, le coach, l’amoureux (Charlie Cameron-Verge) ainsi que la mère, l’amie, l’adversaire (Anne-Virginie Bérubé) qui, à tour de rôle, entrent en relation avec Chloé. Ce choix dramaturgique dynamise énormément la pièce en instaurant un univers spatio-temporel dosé de main de maître par le metteur en scène Hubert Bolduc.

Le jeu extrêmement physique des rôles pousse les comédiennes et le comédien à s’investir totalement dans l’histoire, ce qui en rehausse la qualité. La pulsation de l’environnement sonore (Symon Marcoux) rend également les mouvements effectués pendant les entraînements et le combat d’une intense crédibilité. On sent le travail, l’effort presque surhumain des athlètes pour se surpasser et, par extension, des interprètes pour donner vie à ce monde. On comprend aussi comment les émotions contenues de Chloé la tétanisent lorsque, dans la scène finale, elle doit lutter contre un élément de son propre costume de boxeuse pour s’affranchir de ses démons, comme si elle était acculée dans les cordes.

Sur le ring

La scénographie de Mélanie Robinson ainsi que les éclairages de Laëtitia Mayer et Charlyne Roux permettent de transformer le plateau au gré des péripéties narrées par Chloé. Le banc de bois et les casiers en métal de la salle d’entraînement deviennent des clôtures à enjamber, des gouttières à escalader, le bar où la protagoniste fera la rencontre de son amoureux, l’appartement qui sera le lieu de leur rupture, et même un salon funéraire où est exposé le corps du père chéri, guide, conseiller et mentor de Chloé, décédé subitement dans un accident routier.

Le plateau est en forme de triangle comme s’il avait été sectionné en diagonale. Deux côtés de ce triangle sont occupés par le public alors que le mur du fond est percé d’une ouverture qui mène on ne sait où. La signification de ce décor prend tout son sens au moment où Chloé doit affronter son adversaire. Deux grands miroirs qui reflètent la scène se déroulant devant nous, avec les spectateurs en arrière-plan, sont mis en lumière et introduisent une dimension percutante, métaphore du tiraillement qui mine la boxeuse. Deux mondes sont présentés en parallèle, le présent et le passé. De face et de dos, ils se complètent et s’opposent tout à la fois.

Au-delà de la boxe, Bitch Boxer propose un regard sur le deuil, la performance, l’amour et la vulnérabilité. Dans une langue vivante et actuelle, la pièce montre également la difficile ascension d’une athlète placée devant le dilemme de devoir sacrifier un désir pour satisfaire un rêve.

Bitch Boxer est présenté à Premier Acte jusqu’au 24 février 2024. Les billets sont en vente à cette adresse : https://premieracte.ca/spectacles/bitch-boxer/

Publicité

Lire aussi :

Trout Stanley : nager en eaux troubles

Deux sœurs jumelles aussi dissemblables qu’indissociables vivent dans une modeste demeur[...]

Lire sur Monmontcalm

Pour en savoir plus ...

Soutenez votre média

hearts

Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.

hearts
Soutenir