Dans un bar karaoké miteux du Lac-à-la-Tortue, un étranger arrive, cueilli sur un sentier boisé par Bob, le plus fidèle client de l’établissement. D’entrée de jeu, quelque chose d’insolite plane dans l’atmosphère de ce lieu qui a l’air désaffecté. Une table est renversée, des journaux sont placardés sur le mur arrière du bâtiment, des chaises sont empilées pêle-mêle, un bric-à-brac d’objets s’amoncelle dans un coin, etc.
Bob : un personnage évanescent
Dans un bar karaoké miteux du Lac-à-la-Tortue, un étranger arrive, cueilli sur un sentier boisé par Bob, le plus fidèle client de l’établissement. D’entrée de jeu, quelque chose d’insolite plane dans l’atmosphère de ce lieu qui a l’air désaffecté. Une table est renversée, des journaux sont placardés sur le mur arrière du bâtiment, des chaises sont empilées pêle-mêle, un bric-à-brac d’objets s’amoncelle dans un coin, etc.
Côté jardin, Michaël (Charles Fournier), perdu au cœur de la forêt mauricienne, paraît être victime d’un accident de la route. Son cellulaire ne capte aucun signal de la part de ses proches, mais semble furtivement en contact avec la chaîne stéréo du bar où il sera amené à se poser. Il fait nuit et Tommy (Miguel Fontaine), le propriétaire du lieu, arrive pour ouvrir son établissement. S’ajouteront successivement au personnel, deux serveuses : Jessica (Catherine Côté), une jeune femme visiblement exubérante et volontaire ainsi que Jacinthe (Érika Gagnon), une femme d’âge mûr énergique et maternelle.
Une situation énigmatique
Tommy brise d’emblée le quatrième mur en interpellant directement le public et en entretenant des bribes de dialogue avec quelques spectateurs, comme si, ce soir-là, ils faisaient partie de la clientèle. Plus étrange encore, le fameux Bob autour de qui gravite le récit n’est représenté sur scène que par une veste, un chapeau et une paire de bottes. Ce personnage emblématique du bar cultive des relations privilégiées avec Tommy et les deux employées.
Toutes et tous le voient et s’adressent à lui en rapportant ses paroles. L’auteur du texte, Miguel Fontaine, a nimbé son protagoniste d’une aura mystérieuse et charismatique que les éclairages de Mathieu C. Bernard et l’environnement sonore de Simon Elmaleh contribuent à amplifier. Les clairs-obscurs de la lumière qui se frottent occasionnellement au néon du karaoké et les bruits sourds de la vie nocturne qui contrastent avec la musique western de l’établissement se répercutent sur la façon dont la réalité et la fantasmagorie se superposent.
Un passage tout en douceur
La mise en scène de Patrick Ouellet, assisté de Vincent Nolin-Bouchard, à l’instar du décor de Jeanne Huguenin, contribue à nourrir l’ambiguïté. Les choix d’interprétation, en accord avec le développement de l’histoire, amènent progressivement le public à basculer vers l’allégorie. Ainsi, lorsque Michaël s’effondre en plein milieu de son numéro de chant, seule sa veste git sur le sol, tandis que l’individu reste debout à regarder les autres s’affairer autour de son blouson. Le revers déchiré de sa veste ainsi que les salissures sur son tee-shirt laissent présager une blessure grave.
À partir de ce moment, la mort se fait de plus en plus présente dans l’espace scénique. Michaël n’arrive plus à interagir avec les deux femmes qui lui portent pourtant une attention bienveillante. Leurs discours respectifs convergent vers un dialogue de sourds, tandis qu’à la surprise de Tommy, Bob se dédouble. Tranquillement, la situation d’origine prend la forme d’une « veillée aux allures de purgatoire », comme le mentionne le résumé de la pièce. Et le lieu où l’action se déroule se métamorphose en une sorte d’antichambre où les émotions peuvent décanter avant l’ultime traversée.
Cette production du Théâtre pour ne pas être tout seul génère un lot de questions auxquelles elle ne répond pas explicitement. Inspirée de l’univers du conte où le quotidien côtoie le merveilleux, elle laisse sur le cœur une saveur de paix et de sérénité. Cette histoire singulière qui intrigue et divertit tout à la fois demande à la raison de devenir aussi évanescente que la nature du personnage éponyme.
La pièce Bob est présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 30 mars 2024. Les billets sont en vente à cette adresse : https://theatreperiscope.qc.ca/spectacle/bob/
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2, rue Crémazie Est, Québec (Québec), G1R 2V2
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