Après quelques années de tergiversations, dont « un pas de côté » l'an dernier « pour retourner à la table à dessin », la Ville de Québec accouche finalement d'un concept d'aménagement pour le corridor scolaire du Collège Stanislas. Ainsi, dès ce printemps, une large piste cyclable bidirectionnelle surélevée sortira de terre sur l'avenue de Vimy, entre la rue Hélène-Boullé et le Parc-de-Bellevue.
L’avenue de Vimy bientôt limitée à 10 stationnements en raison d’une nouvelle piste cyclable surélevée
Après quelques années de tergiversations, dont « un pas de côté » l’an dernier « pour retourner à la table à dessin », la Ville de Québec accouche finalement d’un concept d’aménagement pour le corridor scolaire du Collège Stanislas. Ainsi, dès ce printemps, une large piste cyclable bidirectionnelle surélevée sortira de terre sur l’avenue de Vimy, entre la rue Hélène-Boullé et le Parc-de-Bellevue.
Dévoilé mardi soir à l’occasion du Conseil de quartier de Saint-Sacrement, le projet de l’administration Marchand vise à « sécuriser » les déplacements actifs des élèves du primaire lors de leurs trajets de la maison vers le Collège Stanislas et vice-versa.
Retrait du stationnement sur rue… ou presque
Les plans de la municipalité soulèvent toutefois la colère de nombreux résidents de ce secteur dense de la haute-ville. Ces citoyens du quartier Saint-Sacrement déplorent le retrait de la quasi-totalité des stationnements sur rue de l’avenue de Vimy. La pilule est particulièrement difficile à avaler pour les habitants de la copropriété de condos Les Allées de Bellevue, un complexe voisin comptant plus d’une centaine d’unités d’habitation.
Dans sa nouvelle mouture revisée depuis mai 2023, la ville fait toujours beaucoup de place au verdissement par des espaces déminéralisés. Par contre, compte tenu de cette nouvelle « piste cyclable hors rue », seulement dix espaces de stationnement pourront être conservés sur l’avenue de Vimy, incluant trois « cases vignettes », deux de 90 minutes « pour tous » et une autre de 20 minutes « pour les besoins de courte durée ».
« La configuration qu’on vient de présenter récupère le maximum d’espaces disponibles », prétend un ingénieur de la ville spécialisé en conception routière.
« On est venu gruger partout où on était capable d’aller en chercher », a affirmé Pierre-Emmanuel Lemay.
Un bouton poussoir sera en outre aménagé à l’extrémité de cette piste cyclable bidirectionnelle surélevée, au coin de la rue Hélène-Boullé, « afin de faciliter l’insertion des cyclistes » vers le corridor Vélo cité du chemin Sainte-Foy en direction est.
Avec cette « dualité de liens cyclables » dans les deux directions – comprenant également un tronçon cyclable sur la rue de Callières – la municipalité recherche « la perméabilité », pour permettre à l’ensemble des usagers de la route d’aller dans tous les sens, « d’emprunter le chemin le plus court et sécuritaire qui soit », a expliqué M. Lemay.
« Une solution de compromis », dit la Ville
« Le mandat de l’administration, de la ville, est justement d’arbitrer ces intérêts divergents », a déclaré la conseillère de Montcalm–Saint-Sacrement, Catherine Vallières-Roland.
« On sait que le projet présenté ce soir ne répond pas à tous les besoins. On en est très conscients, mais c’est une solution de compromis qui permet de répondre aux besoins du plus grand nombre, d’améliorer la qualité de vie par le verdissement et surtout d’assurer la sécurité des personnes les plus vulnérables », soutient l’élue de Québec forte et fière.
« Aucune concession », rétorquent les opposants au projet
Pour certains, la municipalité pourrait « mettre de l’eau dans son vin » en interdisant le stationnement uniquement en journée.
« Les besoins en stationnements des résidents (…) c’est surtout en soirée et les fins de semaine », considère pour sa part un résident de l’avenue de Vimy, Philippe Corriveau.
« Quand on parle de qualité de vie, oui il y a les arbres et l’environnement, mais il y a aussi le fait de recevoir des amis ou des parents », fait valoir celui-ci.
Pour d’autres, la problématique se situe plutôt au niveau de la quantité de stationnements disponibles dans les environs, d’autant plus qu’un autre immeuble de 45 logements verra le jour prochainement à l’angle de l’avenue de Vimy et du chemin Sainte-Foy.
« Ce n’est pas les heures le problème, c’est le nombre de places », estime quant à elle Alice Corriveau.
Sécuritaire ou pas l’avenue de Vimy?
Par ailleurs, des citoyens disent ne voir « aucun problème » de sécurité avec l’aménagement cyclable actuel à chaussée déviée.
« L’avenue de Vimy, c’est très sécuritaire actuellement. Moi je pourrais marcher dans le milieu de la rue à genoux (…) et ça ne serait pas dangereux. Sauf peut-être pour mes genoux », badine ce même monsieur Corriveau, qui n’entend pas à rire pour autant.
Aux yeux de l’administration municipale, cette géométrie de la rue ne permet cependant pas de répondre aux objectifs du projet en matière de sécurité routière et de cohabitation entre les différents usagers de la route.
« On pense que cette proposition-là, de mettre une piste cyclable surélevée, c’est la meilleure », indique un conseiller en planification des transports de la ville.
« On est aller voir sur le terrain et souvent, les supports à vélo débordent à Stanislas, c’est vraiment achalandé », avance Pascal Laliberté.
« On veut sécuriser les déplacements de ces écoliers. Si on y va avec un aménagement à chaussée déviée, comme c’est là, le statu quo, on ne sécurise pas les usagers. »
Une dame habitant dans l’édifice Les Allées de Bellevue en a visiblement gros sur le coeur contre le promoteur immobilier et la ville « qui anéantit complètement l’accès aux condominiums ».
« Quand on a acheté, on voulait être sûr qu’il y avait des stationnements. On nous a dit (NDLR : le groupe Norplex) ”oui oui, inquiétez-vous pas, il va y en avoir”. Où on en est aujourd’hui? On en a pu de stationnement », peste cette résidente de la première heure.
« Il va falloir qu’on marche et il y a des gens chez nous pour qui c’est difficile, des petits enfants qui ne marchent pas beaucoup. Moi je trouve ça nettement exagéré. »
Besoins spéciaux et d’urgence, les livraisons, etc.
Un autre citoyen a abordé l’aspect des livraisons. L’homme, qui livre des repas avec l’organisme communautaire Bénévolat Montcalm–Saint-Sacrement, se demande où il va stationner sa voiture pour accéder à un bénéficiaire de la popote roulante résidant sur l’avenue de Vimy.
« Je vais devoir marcher avec mon chariot. (…) Et les livreurs de Poste Canada ou d’Amazon eux? Parce que ça, qu’on le veuille ou non, c’est une réalité dans le quartier. C’est pour vous dire que c’est difficile de concevoir le côté pratique du truc surélevé », expose-t-il, remettant en question au passage la stratégie de la ville derrière ce projet.
« Ça présume que tous les parents qui viennent porter leurs enfants le matin et les rechercher le soir sont des conducteurs extraordinaires. (…) Et votre objectif de sécurité est mis en cause parce que votre piste cyclable, vous l’avez amené du côté de l’école. Donc vous avez doublé le risque, à mon avis, de traverser et ensuite de passer devant la sortie. Je ne trouve vraiment pas ça géniale cette idée. »
Cela dit, les véhicules d’urgence et les autobus du Service de transport adapté de la Capitale (STAC) pourront continuer d’accéder et de se stationner sur l’avenue de Vimy.
De plus, des autorisations spéciales sont possible pour des besoins particuliers, comme des travaux d’élagage d’arbre, par exemple.
Des heureux somme toute
Bien que le projet est loin de faire l’unanimité, plusieurs personnes ont salué l’initative de la ville.
« La priorité de la sécurité est vraiment importante et doit être mise encore plus de l’avant », croit un homme se présentant comme « un cycliste, un piéton et un grand-père ».
« Aux passages piétonniers, il faut se battre avec les automobilistes pour pouvoir passer parce que sinon, on se fait klaxonner, bousculer. À ce moment-là, je trouve que ce qu’on présente aujourd’hui est très intéressant », met-il en perspective.
« En ce qui a trait aux stationnements dans les rues, de mon point de vue, un espace de stationnement dans une rue, ce n’est pas un privilège que la ville doit nous garantir. On doit s’assurer que les rues sont sécuritaires, point à la ligne. »
Signalisation et présence brigadière
De son côté, le Conseil de quartier de Saint-Sacrement demande en autres à la ville des mesures de sécurisation supplémentaires aux deux extrémités du corridor scolaire du Collège Stanislas.
« On a une école qui est sur le bord de la rue », met en lumière le président de l’organisme, Bertrand Gemme.
« Dans ce secteur-là, il n’y a pas de lumière qui indique le 30-50 km/h à différentes heures du jour. Il n’y a pas vraiment de signalisation claire qu’il y a un corridor piéton. Je pense aussi que la présence d’un brigadier serait primordiale pour la sécurité des enfants. »
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Stratégie de sécurité routière 2020-2024 prévoyant des investissements de 60 M$ sur cinq ans. La ville s’est notamment engagée à réaliser des corridors scolaires à proximité des 115 écoles primaires de son territoire, en plus de poursuivre la cible de 0 collision mortelle et grave autour des écoles.
La présentation du projet sera rendue disponible aujourd’hui sur la page du corridor scolaire du Collège Stanislas.
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1605, Chemin Sainte-Foy, Québec (Québec), G1S 2P3
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