Pour débuter la seconde partie de sa programmation saisonnière, le Théâtre du Trident propose à son public, en coproduction avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, la création du plus récent texte dramatique de Larry Tremblay.
Coup de vieux : entre réalité et fantasmagorie
Pour débuter la seconde partie de sa programmation saisonnière, le Théâtre du Trident propose à son public, en coproduction avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, la création du plus récent texte dramatique de Larry Tremblay.
Cet auteur québécois qui a signé, entre autres, The Dragonfly of Chicoutimi, Abraham Lincoln va au théâtre et L’Orangeraie, récidive avec Coup de vieux, une œuvre qui met en scène le grand âge, ses défaillances, ses désillusions, ses angoisses, ses souvenirs et ses maigres aspirations.
Cinq solitudes
Sur un plateau dépouillé de tout ornement, hormis un piano droit qui, somme toute, sert peu, un banc de bois inconfortable et un immense rideau rouge qui, en s’abattant, dévoile le plat de résistance scénographique concocté par Jean Bard, le metteur en scène Claude Poissant fait évoluer les personnages dans un espace presque vide qui ne leur offre aucun point d’ancrage. La scène les habille comme un vêtement trop grand pour eux. L’ambiance est, à l’image des éclairages de Philippe Lessard-Drolet, sombre et menaçante. À part quelques chansons qui refont surface comme des bouées accrochées à la mémoire des protagonistes, l’environnement sonore de Joris Rey est lui aussi troublant.
Pierre (Jacques Girard), Lucie (Sylvie Drapeau), William (Jacques Leblanc), Adèle (Marie Gignac) et Géraldine (Linda Sorgini) bavardent, argumentent, rabâchent, ressassent et semblent inexorablement se morfondre. Leurs propos sur les jeunes, les étrangers, le climat, la maladie, la souffrance, la mort, l’amour, la haine, le sexe, la famille s’entremêlent et émergent des discussions comme autant de grêlons qui martèlent leur existence. Le niveau de leur discours et de leur vocabulaire témoigne de leur instruction. L’une était une journaliste réputée, l’autre un sous-ministre de la culture. Mais les lauriers de leurs passés respectifs ne sont pas garants des vicissitudes de leur présent, puisque toutes et tous semblent plus ou moins isolés et abandonnés à leur destin.
L’absurdité de vieillir
Une des qualités de la production provient de la virtuosité des interprètes qui semblent profondément investis dans leurs personnages. Ceux-ci oscillent entre une réalité imprégnée de vacuité à l’image de leur espace de jeu et une fantasmagorie représentée sur scène par les apparitions et les interventions de Clovis Le Clown (Thomas Boudreault Côté). La présence de cet étrange guignol sature l’atmosphère d’une alarmante curiosité, bien qu’elle amuse par ses pitreries et embarrasse par sa signification hautement infantilisante. Elle ajoute à l’absurdité de l’existence des protagonistes.
Coup de vieux est caractérisée par la lenteur et la sobriété. Les stigmates de l’âge s’incarnent par le biais des opinions partagées par les personnages, de leurs secrets et réminiscences. Les répliques, même celles qui suscitent le rire et qui font réfléchir par leur drôlerie et leur truisme, dépeignent toujours une vision ténébreuse de la funeste condition de ces malheureux vieillards.
Coup de vieux est présentée à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec jusqu’au 10 février 2024. Les billets sont en vente à cette adresse : https://www.letrident.com/piece/coup-de-vieux/
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