On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l'histoire de la ville. John Larkin Kerwin (1924-2004) a marqué l'histoire comme premier recteur laïc de l'Université Laval. Mais saviez-vous que celui-ci qui fut aussi le premier président de l'Agence spatiale canadienne était originaire du quartier Saint-Sacrement ?
Ici vécut : John Larkin Kerwin, au 1324, rue de Repentigny
On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. John Larkin Kerwin (1924-2004) a marqué l’histoire comme premier recteur laïc de l’Université Laval. Mais saviez-vous que celui-ci qui fut aussi le premier président de l’Agence spatiale canadienne était originaire du quartier Saint-Sacrement ?
Dans les récentes années, le Québec a beaucoup parlé de l’espace et d’astronomie. Qu’on pense à l’éclipse solaire du 8 avril dernier ou du rôle joué par l’ingénieure aérospatiale Farah Alibay à la NASA, les astres semblent s’inviter dans l’actualité.
Le Canada joue d’ailleurs un rôle de premier plan dans l’exploration spatiale depuis plusieurs décennies, notamment par la sélection d’astronautes. Celle-ci, auparavant sous la responsabilité du Conseil national de recherches du Canada, est tombée sous l’égide de l’Agence spatiale canadienne (ASC) lorsque celle-ci a été créée, en 1989. Julie Payette faisait d’ailleurs partie de ce premier contingent sélectionné alors que John Larkin Kerwin terminait sa présidence. Il est également celui qui a donné le nom anglais «Canadarm» au fameux bras canadien.
Mais qui était cet homme, qui fut aussi recteur à l’Université Laval ?
Un étudiant doué et une carrière universitaire bien remplie
John Larkin Kerwin voit le jour le 22 juin 1924 à Québec. Il est le fils de Timothy J. Kerwin et Catherine Lonergan. Il quitte la province pour le début de son parcours universitaire en physique. Celui-ci le conduit à St. Francis Xavier (Antigonish, Nouvelle-Écosse), puis à l’université de Toronto et au Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Après l’obtention de sa maîtrise, il revient à Québec, où il joint le département de physique de l’université Laval, d’abord en tant qu’assistant. Il y complète son doctorat en 1946. Il accède au poste de professeur en 1956, qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1989.
Spécialisé dans la physique atomique et moléculaire, John Larkin Kerwin permet le développement de cette branche dans les recherches menées à l’Université Laval. Il est d’ailleurs un des premiers Canadiens spécialisés en physique atomique. Au cours de sa carrière universitaire, il publiera trois monographies et plus de 50 articles scientifiques.
Dans la deuxième moitié des années 1950, John Larkin Kerwin commence à occuper des tâches davantage administratives. Larkin Kerwin est directeur du laboratoire de recherches sur la spectrométrie de masse entre 1955 et 1966.
De 1961 à 1972, il est aussi à la tête de l’accélérateur de particules Van de Graaf, qui a été démantelé en 2007.
Entre 1969 et 1972, John Larkin Kerwin devient le doyen assistant à la faculté de science et recteur assistant pour l’enseignement et la recherche. Il est finalement élu au rectorat de l’Université Laval en 1972, poste qu’il occupe jusqu’en 1977. Succédant à Mgr Louis-Albert Vachon, il fut le tout premier recteur laïc de l’établissement.
En 1977, il est défait dans la course à sa succession par Jean-Guy Paquet.
Implications nombreuses
Au cours de sa carrière universitaire, et même après, John Larkin Kerwin s’est impliqué au sein de très nombreuses institutions. Il fut président de l’Association canadienne des physiciens (1954-1955), de l’Académie des sciences (1973-1974), de l’Association des universités et collèges du Canada (1974-1975), de la Société royale du Canada (1976-1977), de l’Union internationale des physiciens (1987-1990) et de l’Académie canadienne du génie (1989-1990).
À la suite de son mandat au rectorat de l’Université Laval, John Larkin Kerwin devient le premier Québécois à occuper la présidence du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Il occupe ce poste de 1980 à 1989.
Pendant ce mandat, il développe un plan quinquennal d’expansion centré sur la recherche industrielle. En 1982, le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau le choisit pour représenter le pays dans un groupe de travail mis sur pied après le Sommet économique de juin 1982. Il devait alors «étudier les effets potentiels de la recherche et du développement sur la création d’emplois et sur la relance de l’économie mondiale».
À cette époque, il trouve également des fonds pour construire l’Institut national d’optique de Québec, qui se trouve sur la rue Einstein.
En décembre 1987, il se mérite le Prix pour services insignes, plus haute récompense destinée aux fonctionnaires fédéraux.
Présidence de l’Agence spatiale canadienne
Le CNRC était déjà responsable du Programme des astronautes canadiens, créé en 1982. Ainsi, John Larkin Kerwin n’est pas complètement étranger à cette réalité.
Il serait d’ailleurs celui qui a donné le nom «Canadarm» au fameux bras spatial canadien, ce bras manipulateur de la navette spatiale de la NASA.
En 1989, l’Agence spatiale canadienne (ASC) est créée et John Larkin Kerwin en devient le tout premier président. Il occupe ce poste jusqu’en 1992.
Larkin Kerwin présidait l’ASC lors du second recrutement d’astronautes. Plus de 5 000 personnes avaient alors postulé, mais quatre d’entre elles ont été retenues : Chris Hadfield, Mike McKay, Julie Payette et Dave Williams.
Il était également à la tête de l’agence en 1992, lorsque Roberta Bondar devient la deuxième astronaute (après Marc Garneau) et première femme canadienne à aller dans l’espace.
Autres honneurs et décès
John Larkin Kerwin a continué de cumuler les honneurs tout au long de sa vie. Il a notamment été nommé Compagnon de l’Ordre du Canada, Officier de l’Ordre national du Québec, Officier de la Légion d’honneur de France et Membre de l’Académie des grands Québécois.
15 universités canadiennes lui ont aussi attribué des doctorats honoris causa.
Impliqué au sein de la communauté irlandaise de Québec, il a aussi fait la promotion de l’établissement d’un centre d’interprétation à Grosse-Île, pour commémorer la présence irlandaise sur cette île de quarantaine.
John Larkin Kerwin s’éteint chez lui le 1er mai 2004, à l’âge de 79 ans. Il laissait dans le deuil son épouse Maria Guadalupe Turcot et leurs huit enfants.
«Scientifique de renom, grand communicateur et pédagogue, il avait un talent extraordinaire pour transmettre à ses étudiants son goût de la science et de la découverte», soulignait le recteur Michel Pigeon, lors d’une allocution prononcée à ses funérailles, le 15 mai 2004, à la Basilique Notre-Dame-de-Québec.
L’Agence spatiale canadienne lui a rendu hommage en donnant son nom à la bibliothèque de l’agence.
Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.
Sources
Agence spatiale canadienne, «Biographie de Larkin Kerwin», 5 décembre 2014.
Agence spatiale canadienne, «Histoire du corps d’astronautes canadiens», 10 janvier 2020.
FLEURY, Robert, «Une manif de la FTQ surprend Copps», Le Soleil, 18 mars 1993, p. A-3.
Généalogie du Québec et d’Amérique française, «Biographie John-Larkin Kerwin».
H. DOETSCH, Karl et Garry LINDBERG, «Bras spatial canadien (Canadarm)», L’Encyclopédie canadienne, 10 novembre 2021.
HAMANN, Jean, «Un musée dans le Van de Graaff», ULaval Nouvelles, 3 janvier 2007.
Le Soleil, «Jean-Guy Paquet devance Larkin Kerwin, au rectorat», 23 mars 1977, p. E-13.
PHILLIPSON, Donald J.C., «Larkin Kerwin», L’Encyclopédie canadienne, 24 mars 2017.
Science.ca, «(John) Larkin Kerwin» 16 juin 2015.
Université Laval, «Monsieur Larkin Kerwin, 20e recteur de l’Université Laval – 1972 à 1977», Cabinet du recteur.
Ville de Québec, «De nouvelles plaques commémoratives Ici vécut bientôt installées sur des bâtiments de Québec», 28 septembre 2023.
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