Je viendrai moins souvent : mise en abîme

Camille Paré-Poirier, comédienne et autrice, présente pour la première fois à Québec Je viendrai moins souvent, une adaptation scénique de son balado Quelqu’une d’immortelle. Nouveau plongeon dans les souvenirs.

<em>Je viendrai moins souvent</em> : mise en abîme | 10 octobre 2024 | Article par Ariane Tapp

La pièce de Camille Paré-Poirier Je viendrai moins souvent est présentée au Périscope jusqu’au 13 octobre.

Crédit photo: Ariane Tapp

Camille Paré-Poirier, comédienne et autrice, présente pour la première fois à Québec Je viendrai moins souvent, une adaptation scénique de son balado Quelqu’une d’immortelle. Nouveau plongeon dans les souvenirs.

La scénographie rappelle tout de suite un Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) : un fauteuil vieilli au centre, des étagères à cabarets en métal, et une impression, déjà, de solitude. S’installe en retrait la conceptrice sonore, Marie-Frédérique Gravel, essentielle au spectacle. Puis arrive Camille Paré-Poirier avec une bouteille de vin. Elle nous raconte son histoire, mais surtout celle de sa grand-mère.

Le 11 octobre 2017, Camille, nouvellement arrivée à Montréal, rend visite à sa grand-mère Pauline dans sa nouvelle maison, une résidence pour personnes âgées semi-autonomes, et commence à enregistrer leurs conversations, avec son consentement. Elle ne se doute pas qu’elle accumulera 150 enregistrements sur une période de quatre ans, témoignant du chemin vers la démence, du passage en CHSLD, de la pandémie et de l’approche inévitable de la mort.

Les rencontres avec Pauline ne sont pas recréées avec une deuxième actrice. Camille Paré-Poirier est la seule comédienne sur scène. Pauline ne reprend vie qu’à travers les enregistrements originaux, qui prennent une bonne partie des 1 h 35 que dure le spectacle. Camille les écoute, comme nous, assise dans le fauteuil. Commente. La mise en scène de Nicolas Michon est minimaliste.

Est-on en train de réécouter le balado tous·tes ensemble, mais dans une salle de spectacle? Un peu, mais pas tout à fait. Camille partage certains extraits inédits, intimes, souvent difficiles. On se sent un peu voyeur·euses. La pièce sert aussi à revenir sur l’expérience, sur le balado, et même sur l’écriture du spectacle. De son propre aveu, Camille voulait partager son deuil. Elle offre d’ailleurs aux spectateurs des mouchoirs et du vin en l’honneur de Pauline.

La jeune femme se demande si ces rencontres avec sa grand-mère auraient vraiment existé si elle ne les avait pas enregistrées et partagées. C’est surtout une formidable occasion de réfléchir ensemble au sort des aîné·es, au soin, à la mémoire, à la vieillesse et à la mort.

A-t-on vraiment assisté à une pièce de théâtre? Le projet devait-il aller au-delà du balado? Chose certaine : on a ri, on a pleuré, on a pensé à nos grand-mères et au temps qu’il nous reste, ou pas, avec elles.

Le spectacle affiche complet au Théâtre Périscope, mais il reste des billets pour la supplémentaire du 13 octobre.

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