Le mythe d’Orphée : En pièces détachées

Quelle belle idée du chorégraphe et danseur Alan Lake de mettre en scène le mythe d’Orphée dans un spectacle de danse-théâtre. Hélas! Il ne semble pas avoir senti le besoin, contrairement à Orphée, de se retourner pour s’assurer qu’on le suivait.

<em>Le mythe d’Orphée</em> : En pièces détachées | 29 avril 2024 | Article par Ariane Tapp

La pièce de théâtre-danse Le mythe d’Orphée est présentée au Théâtre du Trident jusqu’au 18 mai.

Crédit photo: Capture d'écran Facebook (Théâtre du Trident)

Quelle belle idée du chorégraphe et danseur Alan Lake de mettre en scène le mythe d’Orphée dans un spectacle de danse-théâtre. Hélas! Il ne semble pas avoir senti le besoin, contrairement à Orphée, de se retourner pour s’assurer qu’on le suivait.

Une danseuse creuse le sol de la scène avec ses pieds et ses mains, faisant apparaître un trou terreux… une porte vers les Enfers?

Les projecteurs révèlent les autres danseur·euses, accroché·e·s aux prises percées dans les hauts murs signés Vano Hotton. Un élément scénographique fort, malheureusement sous-utilisé.

Après une introduction dansée, on fait connaissance avec Orphée, nouvel employé dans un entrepôt, où il rencontre Eurydice, sa charmante supérieure. S’ensuit la passion, puis la certitude d’Orphée qu’il doit sortir sa douce de l’enfer de cet entrepôt qui l’a avalée et d’où elle n’est jamais partie, responsabilités maternelles obligent.

On veut bien croire que cet entrepôt (dont on ne sait presque rien) représente les enfers modernes, mais sans le personnage du patron, Hadès, supprimé du maigre texte après sa première version, le capitalisme vitement abordé ne suffit pas à rendre l’environnement d’Eurydice véritablement terrible.

Deux personnages un peu obscurs convainquent cependant Orphée d’en tirer Eurydice de force, mais elle décide d’y rester. Orphée est démoli.

S’ensuit un long numéro de danse censé illustrer le désespoir d’Orphée. Pour un spectacle de danse-théâtre, les chorégraphies d’Alan Lake, certes parfois impressionnantes, sont assez peu narratives ou même seulement évocatrices, à l’exception de quelques moments, comme la scène d’amour entre Eurydice et Orphée.

On peut d’ailleurs se questionner sur le choix d’avoir deux interprètes pour chacun·e des deux protagonistes, un·e acteur·ice et un·e danseur·euse. Il semble aller de soi dans ce genre spectacle. Pourtant, Charles Roberge, l’acteur jouant Orphée, danse tout au long de la pièce, aux côtés de la danseuse (oui, oui, une femme) censée incarner Orphée en danse, alors que la comédienne Éva Saïda n’apparaît que pour les dialogues; le reste du temps, Eurydice est interprétée par la danseuse Josiane Bernier. Le tout crée une confusion qui n’est qu’accentuée par le manque de cohésion entre le texte et la danse.

Lorsqu’on apprend que les chorégraphies et même les décors ont été créés avant le texte, tout s’explique. Isabelle Hubert tente tant bien que mal de donner âme à ces personnages autrement flous, mais on lui laisse peu de place pour ce faire. En résultent un Orphée qui se résume à l’amoureux transi, sans lyre ni véritable combat, et une Eurydice qui promettait plus.

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Le mythe d’Orphée est présenté au Théâtre du Trident jusqu’au 18 mai.

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