Paul à la maison : un plongeon au cœur de la BD

Le Théâtre du Trident marque le coup en ce début de saison en présentant une transposition théâtrale de la bande dessinée Paul à la maison, du bédéiste québécois encensé et multirécompensé, Michel Rabagliati. Il s’agit d’un sans-faute pour le Trident, tant sur les plans de l’adaptation réalisée de main de maître par Anne-Marie Olivier et de l’orchestration sensible et respectueuse de Lorraine Côté, que sur celui de la scénographie de Christian Fontaine, qui donne au spectateur la sensation de plonger à l’intérieur même de la BD.

<em>Paul à la maison</em> : un plongeon au cœur de la BD | 28 septembre 2024 | Article par Hélène Laliberté

La pièce Paul à la maison est présentée par le Théâtre du Trident jusqu’au 19 octobre.

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Le Théâtre du Trident marque le coup en ce début de saison en présentant une transposition théâtrale de la bande dessinée Paul à la maison, du bédéiste québécois encensé et multirécompensé, Michel Rabagliati. Il s’agit d’un sans-faute pour le Trident, tant sur les plans de l’adaptation réalisée de main de maître par Anne-Marie Olivier et de l’orchestration sensible et respectueuse de Lorraine Côté, que sur celui de la scénographie de Christian Fontaine, qui donne au spectateur la sensation de plonger à l’intérieur même de la BD.

Une scénographie en synergie avec la BD

L’aspect graphique de la toile de fond composée d’images (Michel Rabagliati) ainsi que de photographies et de vidéos (Étienne d’Anjou), notamment des lieux fétiches fréquentés par Paul lors de ses pérégrinations, s’harmonise extraordinairement bien avec la présence sur scène des personnages en chair et en os. Le rythme de la pièce est en totale osmose avec le récit de l’œuvre originale. La facilité de changement de décor qu’offre la technologie numérique et la valse des meubles et accessoires (Marianne Lebel), complètement intégrée à l’histoire, concourent à cette impression que l’on éprouve de tourner les pages de l’album.

Malgré la vitesse à laquelle l’espace se métamorphose, la production parvient à reproduire sur scène cette sorte de lenteur, de nonchalance, de légèreté, de douceur, voire de langueur qui émane non seulement de Paul à la maison, mais de l’ensemble de l’univers narratif de Rabagliati. La musique jazzée (Mathieu Turcotte) et les éclairages tout en nuances (Mathieu C. Bernard) rehaussent cette perception en inspirant des émotions qui surgissent des tripes.

Des personnages grandeur nature

Comment ne pas se sentir inspiré dans un tel environnement ? Les comédiens et comédiennes du spectacle s’en donnent visiblement à cœur joie et semblent totalement happé·e·s par le récit. Outre Hugues Frenette qui endosse avec délicatesse et empathie le personnage de Paul, tous et toutes jouent plusieurs rôles en plus d’incarner une des figures prédominantes de l’histoire. La distribution a été effectuée avec soin et Frenette représente un alter ego de Paul crédible des pieds à la tête. Marie-Ginette Guay dans les chaussures d’Aline, la mère de Paul, est touchante dans sa façon à la fois irritable et soumise d’aborder sa mort imminente, rude et protectrice de préserver ses enfants. Odile Gagné-Roy possède la légèreté d’une Rose, la fille de Paul, insouciante et avide d’aventures, tandis que Nadia Girard Eddahia qui interprète Kathie, la sœur de Paul, reflète avec sobriété le pendant féminin en demi-teinte du protagoniste.

Bien que l’état dépressif de Paul soit explicite, lui qui est confronté à plusieurs deuils : celui de sa mère atteinte d’un cancer, de sa fille qui décide de partir pour Londres, de son mariage qui aboutit à un divorce et du pommier de sa cour qui dépérit à vue d’œil, le texte et le jeu regorgent d’humour et de tendresse. Les interventions de Biscuit, le chien de Paul manipulé avec entrain par Étienne d’Anjou, ajoutent à l’atmosphère une dimension ludique et facétieuse. Les conversations hilarantes que la marionnette canine (Annabelle Roy) entretient avec son maître font partie des moments cocasses du récit.

L’essence de l’œuvre originale imprègne chacun des éléments de la production théâtrale qui, de leur côté, en magnifient la portée. Cela comprend les costumes (Julie Morel), les coiffures (Myriam Richer) et les maquillages (Vanessa Cadrin) qui, par la magie de la couleur et la matière, subliment les dessins en noir et blanc de la bande dessinée, comme lorsque la mère de Paul entre en scène drapée d’un de « ses spectaculaires peignoirs en satin » ou comme lorsque Paul déambule en gougounes avec ses vêtements défraîchis et son gilet kangourou.

Pour celles et ceux qui, comme de nombreux admirateurs, sont tombés amoureux des albums de Michel Rabagliati, l’adaptation théâtrale de Paul à la maison constitue un incontournable. Pour les autres, amateurs ou non de bédés, cette production vous permettra de passer un moment fort agréable, intellectuellement stimulant et émotionnellement réjouissant, tout en vous faisant voyager à travers les deuxième et troisième dimensions de la création.

La pièce Paul à la maison est présentée à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec jusqu’au 19 octobre 2024. Les billets sont en vente à cette adresse : https://www.letrident.com/piece/paul-a-la-maison/

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