Sécurité près des écoles : neuf conseils de quartier font front commun

Au moment où un sondage Léger commandé par Piétons Québec révèle que 85 % des Québécois considèrent que 30 km/h est la vitesse acceptable pour assurer la sécurité des enfants près des écoles, neuf conseils de quartier de la ville, dont ceux de Montcalm, Lairet et Maizerets, partagent le même avis.

Sécurité près des écoles : neuf conseils de quartier font front commun | 21 mars 2024 | Article par Thomas Verret

Crédit photo: archives (Simon Bélanger)

Au moment où un sondage Léger commandé par Piétons Québec révèle que 85 % des Québécois considèrent que 30 km/h est la vitesse acceptable pour assurer la sécurité des enfants près des écoles, neuf conseils de quartier de la ville, dont ceux de Montcalm, Lairet et Maizerets, partagent le même avis.

Dans le contexte de l’étude du projet de loi 48 prévoyant des modifications au Code de la sécurité routière, ces neuf conseils de quartier de la Ville de Québec se prononcent aussi en faveur de l’instauration de zones scolaires autour des écoles secondaires.

Des organismes de défense des droits des piétons et de mobilité durable, incluant Accès transports viables et Piétons Québec, jugent par ailleurs primordial de viser un périmètre « bien plus vaste » que les abords immédiats d’une école.

« Oui, le gouvernement provincial a démontré une certaine ouverture, mais finalement dans le projet de loi, c’est l’éléphant qui accouche d’une souris », image une mère mobilisée pour la sécurité piétonne, Ann-Julie Rhéaume, membre du comité transport du Conseil de quartier de Montcalm et coorganisatrice du mouvement Pas une mort de plus.

« Ce n’est vraiment pas suffisant. Le trajet scolaire a besoin d’être sécurisé au complet, si on veut que les enfants marchent pour aller à l’école. »

Un mémoire « surprenant »

Ces conseils de quartier s’expriment publiquement sur le sujet après avoir pris connaissance d’un mémoire de la Ville de Québec, dans lequel celle-ci remet en question la pertinence de zones scolaires autour des écoles secondaires, de même que le maintien d’une limite de vitesse de 30 km/h en tout temps dans les zones scolaires.

« De voir la Ville déposer un mémoire dans ce sens-là, on trouve ça surprenant », indique le président du Conseil de quartier de Montcalm, Jonathan Tedeschi.

La Ville de Québec prétend en autres que la principale problématique observée au pourtour des écoles secondaires « est plutôt associée au comportement des étudiants » (le respect de la signalisation et des passages pour piétons).

Tandis que plusieurs municipalités, dont la Ville de Montréal, demandent au gouvernement Legault « d’aller plus loin », la Ville de Québec, elle, « a décidé de faire cavalier seule », regrette Ann-Julie Rhéaume. Cette dernière croit que la Municipalité doit baser ses décisions sur la littérature scientifique en matière de mobilité durable, et non sur l’utilisation de technologies favorisant la fluidité de la circulation automobile, comme les panneaux intelligents, par exemple.

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« Ça va vraiment en sens inverse de tous les autres mémoires (…) De dire que les étudiants sont responsables des accidents qui leur arrivent et de l’insécurité qu’ils vivent, c’est carrément une façon de jeter le blâme sur les victimes », déplore-t-elle.

« Moi, ça me choque. C’est une mentalité du tout-à-l’auto des années 1970, de dire ”tasse-toi le piéton, la priorité est à la voiture”. De voir ça dans le mémoire de la Ville, c’est inquiétant. »

Le gouvernement et la ville interpellés

Jonathan Techeschi implore de son côté le gouvernement du Québec de prioriser la sécurité routière en préconisant des « aménagements permanents ».

« Réduire la vitesse des voitures, ç’a été prouvé que ça limite significativement la fatalité des collisions », soutient le président du Conseil de quartier de Montcalm.

« Pour inciter les automobilistes à ralentir et qu’il y ait moins de collisions ultimement, ça prend des mesures plus permanentes. La réduction de vitesse en est une, mais (il faut) également des trottoirs élargis et d’autres choses qui vont faire en sorte qu’on n’a pas envie d’accélérer dans certaines zones. »

En faisant cette sortie, les conseils de quartier concernés disent « se rallier » aux experts et citoyens ayant témoigné lors de l’étude du projet de loi 48. Ces instances de proximité poursuivent ainsi la lutte pour améliorer la sécurité aux abords des écoles.

« Pour nous, c’est une continuité », souligne M. Techeschi.

« Par la bande, on questionne aussi pourquoi la Ville est catégorique sur certains points qui, à nos yeux, sont fondamentaux pour la sécurité routière », conclut-il.

Au Service des communications, le responsable des relations avec les médias, Jean-Pascal Lavoie réfère effectivement l’auteur de ce texte vers le mémoire déposé par la Ville dans le cadre des consultations du projet de loi 48.

« Le processus de révision des limites de vitesse réalisé en 2021 par la Ville de Québec repose sur une démarche rigoureuse et scientifique », peut-on notamment y lire.

« Cette approche assure l’harmonisation des limites de vitesse lors de la traversée de milieux semblables, favorise une meilleure crédibilité des nouvelles limites de vitesse, augmente la probabilité d’un meilleur respect et élimine l’arbitraire », avance la Municipalité, rappelant par la même occasion que toutes les écoles primaires à Québec, publiques et privées, affichent maintenant une limite de vitesse de 30 km/h.

Toujours selon la Ville, l’éventualité d’instaurer des zones scolaires au pourtour des écoles secondaires « doit faire l’objet d’une réflexion rigoureuse » puisque les enjeux de sécurité routière y sont différents.

« Il faut éviter les approches de type mur à mur et plutôt cibler des interventions crédibles et adaptées à l’environnement de chaque école. (…) La bonne intervention, au bon endroit, au bon moment », prône l’administration Marchand.

Extrait du communiqué

« Considérant les bienfaits des déplacements actifs sur la santé physique et mentale, sur l’autonomie et la socialisation, nos gouvernements devraient tout mettre en oeuvre pour les encourager, plutôt que de considérer l’utilisation de l’autobus comme une fatalité et de réclamer le statu quo concernant les zones scolaires. »

– Les conseils de quartier Montcalm, Saint-Jean-Baptiste, Lairet, Duberger-Les Saules, Orsainville, Maizerets, Plateau, Notre-Dame-des-Laurentides et Lac-Saint-Charles.

Ce que dit Piétons Québec

« Le constat est clair : adopter une limite de vitesse supérieure à 30 km/h dans les rues où circulent des enfants, notamment les corridors scolaires, n’est plus socialement accepté au Québec. J’invite donc la ministre des Transports et de la Mobilité durable (Geneviève Guilbault) à se saisir des résultats et trouver une solution durable afin de réduire la limite de vitesse au-delà des zones scolaires. »

– Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec.

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