L’église Saint-Charles-Garnier ferme ses portes

Un autre lieu de culte ferme ses portes. Cette fois, c'est l'église Saint-Charles-Garnier, à Sillery. L'impossibilité de vendre l'église du Très-Saint-Sacrement est le motif évoqué par la fabrique de la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger pour cette fermeture.

L’église Saint-Charles-Garnier ferme ses portes | 15 mai 2022 | Article par Thomas Verret

La fabrique Bienheureuse-Dina-Bélanger mise sur l’église Saint-Michel pour son avenir. Sur la photo, le DG André G. Bernier et le père Brice Petijean, prête modérateur de la paroisse.

Crédit photo: Thomas Verret

Un autre lieu de culte ferme ses portes. Cette fois, c’est l’église Saint-Charles-Garnier, à Sillery. L’impossibilité de vendre l’église du Très-Saint-Sacrement est le motif évoqué par la fabrique de la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger pour cette fermeture.

L’église Saint-Michel sera dorénavant privilégiée comme seul lieu de culte par la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger.

Les paroissiens devront désormais se rendre à Sillery pour leurs célébrations religieuses.

Éviter la faillite

En conférence de presse, dimanche, la paroisse a annoncé que toutes ses activités se concentreront désormais à l’église Saint-Michel-de-Sillery, située sur la rue du Cardinal-Persico.

La fabrique a demandé à l’Évêque de Québec de changer la vocation de l’église Saint-Charles-Garnier, « déclarée excédentaire aux besoins pastoraux ». Celle-ci sera donc bientôt désacralisée et fermée. Aucune date n’a été annoncée pour sa fermeture définitive.

Afin de rester propriétaire du terrain, la paroisse privilégie la conclusion d’un bail emphytéotique de longue durée, a précisé son directeur général, André G. Bernier.

Du même souffle, ce dernier a demandé à la ministre Nathalie Roy que l’ancienne église du Très-Saint-Sacrement, fermée depuis 2019, ne soit pas classée patrimoniale.

Cette décision plongerait la fabrique dans un « gouffre financier ».

Une vente essentielle

La fabrique veut pouvoir conclure la vente projetée en mai 2020 de l’église du Très-Saint-Sacrement.

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Cette vente permettrait à la paroisse de rembourser ses dettes de 1,8 M $ encourues pour assurer la sécurisation et l’entretien de l’emblématique édifice du chemin Sainte-Foy.

La transaction génèrerait aussi des revenus pour assurer l’entretien et la préservation de l’église Saint-Michel.

« Un classement rendrait impossible toute vente à la valeur du marché et condamnerait la fabrique à la faillite », a déclaré André G. Bernier.

Un état de délabrement avancé

Selon la paroisse, l’église du Très-Saint-Sacrement est dans un état de délabrement très avancé. Il en coûterait un minimum de 10 millions pour la restaurer.

« Les dernières analyses ont révélé qu’on ne peut pas la réparer », a répété le DG de la Fabrique de la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger.

« Pour vous donner un exemple, les architectes disent qu’il faut démolir les clochers. Ils ne sont pas réparables. La structure a un vice de conception majeure, qui fait en sorte qu’il faut enlever le parement extérieur du côté ouest, puis refaire toutes les briques, avant de remettre le parement », a-t-il précisé.

« Le problème est certainement présent du côté est aussi. À certains endroits, les contreforts ne tiennent plus le mur. C’est un édifice qui en délabrement très avancé. »

De son côté, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) du Québec a commandé une inspection du bâtiment. Le rapport des résultats de l’analyse est toujours attendu.

« On estime que ça couterait un minimum de 10 millions de dollars pour réparer l’édifice, et probablement que l’inspection va dire plus encore », a avancé André G. Bernier.

« On trouve inacceptable, que dans une situation publique, on fasse passer l’église du Très-Saint-Sacrement avant les huit églises identifiées par la Ville de Québec et le ministère », a-t-il affirmé.

Ces huit églises sont la basilique-cathédrale Notre-Dame-de-Québec, la cathédrale anglicane Holy Trinity, l’église Saint-Charles-Borromée, l’église de la Nativité, l’église Saint-Roch, l’église Saint-Sauveur ainsi que les églises Saint-Jean-Baptiste et Saint-Charles-de-Limoilou.

« Il faut savoir mettre des priorités. Cet édifice-là (l’église du Très-Saint-Sacrement) n’est pas prioritaire sur le plan patrimonial. Il faut pouvoir en disposer », a ajouté M. Bernier.

« La réalité, c’est que l’édifice ne peut pas continuer. S’il était classé patrimonial, ça voudrait dire qu’on condamnerait les deux autres édifices. Parce que sans propriétaire, il n’y a pas d’entretien », a-t-il souligné.

« Notre mission, c’est d’évangéliser et de faire connaître le Christ. On veut le faire à partir de l’église Saint-Michel, sans avoir le poids d’être des administrateurs d’immeubles en délabrement. »

Présents au point de presse, plusieurs paroissiens étaient encore sous le choc, 24 heures après avoir appris la nouvelle. C’est le cas de Jean-Charles Castilloux, qui joue de l’orgue depuis 1987 à l’église Saint-Charles-Garnier.

« Je ne perds pas seulement une église, je perds un emploi », résume l’organiste titulaire des 36 dernières années.

« Disons que je m’y attendais. La décision était déjà prise. C’est un emploi difficile. On n’a pas de sécurité d’emploi », déplore-t-il.

« On ne favorise pas toujours l’orgue dans nos églises. Ce qui est malheureux, c’est que les classes d’orgues diminuent dans les conservatoires, dans les écoles de musique, parce que la profession n’est pas attirante, elle n’est pas alléchante. C’est dommage que le métier d’organiste ne soit pas plus valorisé. »

Assemblée spéciale du Conseil de quartier de Saint-Sacrement

Mercredi soir, une assemblée spéciale sur l’avenir de l’église du Très-Saint-Sacrement se tiendra au centre des Loisirs Saint-Sacrement, sur le boulevard de l’Entente.

La Fabrique de la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger participera à cette séance d’information organisée par le Conseil de quartier de Saint-Sacrement. La Ville de Québec et le Diocèse de Québec seront également représentés à cette occasion.

« Nous allons être présents », a confirmé André G. Bernier.

Les gens qui souhaitent que l’église du Très-Saint-Sacrement conserve une vocation communautaire auront alors une autre chance de se faire entendre, de faire valoir leurs idées.

« Toute les personnes qui ont un projet réaliste à présenter,  on est toujours intéressés à les entendre. Le mot important, c’est réaliste », a répondu M. Bernier.

Pour sa part, la ministre Nathalie Roy a jusqu’au 27 mai pour rendre une décision au sujet du classement de l’église du Très-Saint-Sacrement. Une décision qui aura une incidence déterminante pour la suite des choses.

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