Ici vécut : Edmond Lemoine, au 172, rue Aberdeen

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l’histoire de la ville. Edmond Lemoine (1877-1922) a peint des images de la vie quotidienne à Québec et des paysages.

La Ville de Québec peut se targuer d’avoir une vie culturelle et artistique bien remplie. Dans la dernière semaine, les articles de mes collègues Olivier Alain et Thomas Verret le rappelaient bien. Les deux journalistes de Monquartier présentaient respectivement les nouvelles activités à la coopérative Méduse et la programmation du Mois Multi.

Aujourd’hui, je vous invite cependant à reculer plus de 100 ans en arrière et à vous pencher sur l’œuvre d’Edmond Lemoine, sans doute moins connu que les Pellan, Lemieux ou Riopelle. Sa production artistique foisonnante vaut quand même le détour.

Naissance et initiation artistique

Edmond Lemoine voit le jour à Québec le 28 octobre 1877. Il est le fils de Victoria Buies (sœur du journaliste Arthur Buies) et du notaire Édouard Lemoine. Il vit son enfance dans la demeure familiale de la rue des Remparts, dans le Vieux-Québec. Edmond grandit avec deux frères (Maurice et Alphonse) et trois soeurs (Alice, Jeanne et Joséphine).

Il apprend pendant quatre ans à peindre en suivant les enseignements de Charles Huot. Ce dernier a notamment décoré l’intérieur de l’église Saint-Sauveur, en plus de peindre des tableaux comme Le conseil souverain et Le débat sur les langues, présentes à l’Assemblée nationale.

Société des artistes de Québec, Belgique et retour

En 1895, Edmond Lemoine et Huot s’associent à divers collègues, tels que Frank Carrel ou Ivan Neilson, pour fonder la Société des artistes de Québec. Celle-ci est incorporée ensuite à la Société des arts, des sciences et des lettres.

En 1898, Lemoine traverse l’Atlantique et s’installe à Anvers, en Belgique, pour y étudier à l’Académie des beaux-arts. Il travaille également dans l’atelier de Julien de Vriendt. C’est en Belgique qu’il remporte son premier prix académique.

En 1908, alors qu’il était de retour à Québec, Edmond Lemoine débute ses activités au Salon de l’Art Association of Montreal. Ses œuvres y seront exposées jusqu’en 1917.

En 1911, le Comité canadien pour l’érection d’un monument à Montcalm à Québec lui demande de peindre une vue de l’anse au Foulon.

Deuxième séjour européen et débuts comme enseignant

Entre 1912 et 1914, Edmond Lemoine retourne sur le continent européen, plus spécifiquement du côté de l’Italie et de la France. Il étudie notamment à l’Académie Colarossi, à Paris.

À son retour à Québec en 1914, Edmond Lemoine est engagé comme professeur de dessin et de peinture à l’Académie des beaux-arts de Québec. L’établissement devient en 1921 l’École des beaux-arts de Québec.

En 1920, Lemoine expose également deux portraits du pape Jules II, des toiles de Raphaël.

Style artistique

Edmond Lemoine a été un artiste somme toute assez prolifique. Il a réalisé au-dessus de 400 œuvres, qui représentent des portraits, des paysages et des scènes de la vie quotidienne à Québec.

Il a également offert ses créations à des églises de Rimouski et de Sorel.

Selon Hormisdas Magnan, Edmond Lemoine était un peintre du terroir. Il a en effet laissé derrière lui des paysages et des «intérieurs» canadiens. Il a également illustré la couverture des Noëls anciens de la Nouvelle-France, d’Ernest Myrand, en 1913, en dessinant La Messe de minuit à Québec.

Mariage, décès soudain et postérité

Le 27 décembre 1921, Edmond Lemoine épouse Hortense Charlebois, elle aussi fille de notaire.

Malheureusement, leur idylle est de courte durée, puisqu’Edmond Lemoine meurt subitement, le 9 janvier 1922, au retour de leur voyage de noces, 12 jours après leur mariage. Il aurait vécu les dernières années de sa vie dans sa résidence de la rue Aberdeen.

En novembre de la même année, une exposition rétrospective de sa carrière honore sa mémoire au Séminaire de Québec. Sa veuve organise également une exposition à la bibliothèque Saint-Sulpice, à Montréal, en 1923, pour perpétuer sa mémoire.

Au total, 330 de ses œuvres se sont retrouvées au Musée de la province de Québec (aujourd’hui Musée national des beaux-arts du Québec). D’autres ont trouvé refuge au Séminaire de Québec et au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa.

Le site du MNBAQ répertorie d’ailleurs les 330 œuvres d’Edmond Lemoine sur son site web.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources :

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, « Liste des œuvres du peintre Edmond Lemoine avant le 13 novembre 1922 ».

Centre de recherche en civilisation canadienne-française, « Lemoine, Edmond. Fond P15 », Université d’Ottawa.

KAREL, David, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord : peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvres, Québec, Musée du Québec / Les Presses de l’Université Laval, 1992, p. 499-500.

MAGNAN, Hormisdas, « Edmond Lemoine, artiste-peintre. Quelques notes sur sa carrière, 1877-1922 », Le Terroir, vol. 3, no 6, 1922, p. 278-281.

Musée national des beaux-arts du Québec, « Lemoine, Edmond », Collections.

Ville de Québec, « 21, rue des Remparts », « 172 à 182, rue Aberdeen »   Fiche d’un bâtiment patrimonial – répertoire du patrimoine bâti.

Ville de Québec, « Edmond Lemoine », Répertoire du patrimoine bâti.